« L’Imam de TikTok » : en Belgique, des enfants de 12 ans impliqués dans des affaires de terrorisme

Une nouvelle vague d’inquiétude secoue la Belgique : de plus en plus d’enfants apparaissent dans les dossiers criminels liés au terrorisme. Certains sont très jeunes. Selon les services de renseignement locaux, certains suspects n’ont que 12 ans.

Radicalisation à la manière de TikTok

Il ne s’agit pas d’adolescents ayant des contacts avec le milieu criminel ou le monde interlope. Beaucoup sont des élèves ordinaires qui n’ont pas reçu le soutien nécessaire à temps et sont devenus victimes de la propagande radicale en ligne.

École ou camp d’entraînement ?

La diffusion d’idées imprégnées de haine se fait aujourd’hui sur des plateformes où on s’y attend le moins :

  • TikTok, où des vidéos radicales sont déguisées en messages de motivation
  • Discord et Telegram, où des chaînes fermées servent d’espaces de recrutement
  • Jeux en ligne avec chat, où les joueurs reçoivent « en secret » des « vérités alternatives »
  • YouTube, où des fanatiques religieux enseignent « comment devenir un véritable combattant de la foi »

Cette forme de radicalisation est particulièrement dangereuse car elle passe inaperçue même pour les parents. Les algorithmes proposent aux adolescents des contenus de plus en plus durs, et isolés de la communication réelle, les enfants commencent à percevoir l’extrémisme comme normal — comme une « voie héroïque », un moyen de s’affirmer ou de se sentir appartenir à une « cause supérieure ».

Exemple :

En janvier 2025, la police belge a arrêté un adolescent de 14 ans suspecté de préparer une attaque terroriste contre une mosquée dans le quartier de Molenbeek à Bruxelles. Selon le parquet, le jeune homme, aux opinions d’extrême droite, prévoyait d’attaquer pendant la prière du vendredi, moment où la mosquée est la plus fréquentée.

Lors de la perquisition à son domicile, un couteau pliant, un couteau de cuisine, du matériel informatique et des symboles nazis fabriqués maison ont été découverts. L’adolescent a été placé dans un établissement fermé pour mineurs. Cet incident a suscité une vive inquiétude au sein de la communauté musulmane de Belgique et a souligné la nécessité de détecter et prévenir tôt la radicalisation chez les jeunes.

Le plus inquiétant, c’est la facilité avec laquelle un adolescent peut tomber dans ce piège. Un clic sur une vidéo, une entrée dans un chat — et une chaîne commence dont l’enfant ne peut sortir sans aide extérieure. Pendant que les adultes débattent de la liberté d’expression et des limites d’internet, de nouveaux « gourous » sur Telegram construisent déjà des armées d’élèves.

Les enfants pris au piège de l’algorithme

Selon les rapports de l’Unité de coordination pour l’analyse de la menace (OCAD) en Belgique, l’âge des personnes surveillées diminue. Aujourd’hui, les services de renseignement constatent une tendance où des adolescents de 12 à 14 ans manifestent un intérêt actif pour des sujets extrémistes. La plupart n’ont pas de passé criminel et vivent dans des familles ordinaires.

Qu’est-ce qui les rassemble ?

Généralement :

  • Un sentiment d’isolement ou de non-compréhension par leurs pairs
  • Des difficultés à la maison ou à l’école
  • Un temps excessif en ligne sans surveillance adulte
  • Un faible niveau de pensée critique et de maîtrise numérique

Dans cet état de vulnérabilité, les enfants sont influencés par des algorithmes intelligents qui ne distinguent pas le bien du mal — ils montrent simplement ce qui déclenche le plus d’émotions et retient l’attention. Les vidéos radicales, les théories du complot et les récits pseudo-héroïques deviennent un soutien émotionnel et une explication apparemment logique de la crise intérieure de l’adolescent. Ainsi, le contenu en ligne façonne progressivement la vision du monde — au lieu de soutien, l’enfant reçoit une invitation dans un monde obscur d’idéologie, où « tu es soit avec nous, soit contre nous ».

Statistiques sur la radicalisation des mineurs en Belgique :

  • 18 % des menaces concernent des mineurs : En 2024, l’Unité de coordination pour l’analyse de la menace (OCAD) a enregistré 287 signalements de menaces, dont 18 % concernaient des mineurs. Cela représente une augmentation de 2 % par rapport à l’année précédente. Brussels Times
  • Un tiers des suspects sont des adolescents : Entre 2022 et 2024, près d’un tiers des suspects impliqués dans la préparation d’actes violents en Belgique étaient mineurs. Le plus jeune arrêté avait 13 ans. VRT
  • Planification d’un attentat à Bruxelles : En mars 2024, quatre adolescents âgés de 15 à 18 ans ont été arrêtés, soupçonnés de préparer un attentat dans une salle de concert à Bruxelles. Brussels Times
  • Augmentation de 41 % des menaces : En 2023, le nombre de signalements de menaces liées au terrorisme et à l’extrémisme a augmenté de 41 % par rapport à 2022, atteignant 332 signalements.

Ces chiffres montrent à quel point le problème de la radicalisation des adolescents en Belgique devient grave. L’implication croissante des mineurs dans des groupes extrémistes nécessite non seulement l’attention des autorités, mais aussi un soutien actif des parents et de la société pour reconnaître les menaces à temps et prévenir les tragédies.

Que doivent faire les parents ?

L’essentiel est de rester proche et d’écouter attentivement son enfant. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions et d’aborder des sujets qui peuvent sembler difficiles ou inconfortables. Il est important de contrôler le temps passé en ligne par l’enfant et d’expliquer comment distinguer la vérité de la manipulation.

À la place des cours — « guerre sainte »

Le personnel scolaire signale des changements étranges dans le comportement de certains élèves : ils commencent à rejeter le système laïque, refusent le programme scolaire, évitent de communiquer avec leurs camarades et expriment même des idées de violence « au nom de la foi ». Parfois, cela se termine par l’intervention de la police.

Exemple :

En 2018, à Bruxelles, un garçon de 17 ans a remarqué un comportement suspect chez un de ses connaissances, qui manifestait un intérêt pour les groupes extrémistes et les idées radicales. Au lieu de fermer les yeux, l’adolescent en a parlé à ses parents et a même contacté la police. Grâce à son courage et à sa vigilance, les forces de l’ordre ont pu empêcher la préparation d’une attaque terroriste.

Ce cas a été largement commenté dans les médias comme un exemple de la manière dont la prise de conscience et l’engagement civique des jeunes peuvent jouer un rôle clé dans la lutte contre le terrorisme. La police belge souligne l’importance de soutenir ces initiatives et de développer des programmes visant à impliquer les jeunes dans la prévention de la radicalisation.

Selon des sources des services de sécurité, il ne s’agit pas toujours d’une menace directe. Cependant, le niveau inquiétant d’implication nécessite une intervention rapide. Sinon, dans quelques années, « le garçon qui s’intéressait simplement à l’islam » pourrait devenir impliqué dans un crime grave.

Réponse de l’État : que fait la Belgique ?

Le gouvernement belge ne ferme pas les yeux. Des équipes pluridisciplinaires composées de psychologues, travailleurs sociaux et agents des forces de l’ordre ont été mises en place.

Les principales mesures comprennent :

  • Programmes d’éducation aux médias dans les écoles
  • Accompagnement individuel pour les « groupes à risque »
  • Surveillance des contenus en ligne destinés aux adolescents
  • Soutien aux parents et aux enseignants travaillant avec des adolescents « difficiles »

Mais tout n’est pas simple. Les enseignants avouent avoir peur d’étiqueter un enfant, et les travailleurs sociaux manquent parfois de ressources pour intervenir auprès des familles.

La Belgique fait face à une situation qui, il y a encore quelques années, semblait impensable : des enfants du primaire et du secondaire sont soupçonnés de radicalisation. Une nouvelle époque exige de nouvelles approches. Si autrefois la menace venait des combattants de retour, aujourd’hui ce sont des élèves avec un téléphone à la main et un fil TikTok chargé d’idéologies haineuses.

Que doivent faire les parents ?

La radicalisation des adolescents est un problème sérieux, mais les parents peuvent jouer un rôle décisif dans sa prévention. Voici quelques recommandations importantes pour aider à protéger votre enfant et le soutenir dans les moments difficiles.

  1. Soyez attentifs aux changements de comportement
    Des changements brusques—refus de communiquer avec les amis, repli sur soi, agressivité, abandon des anciens centres d’intérêt—peuvent signaler des problèmes. Ne négligez pas ces signes et essayez de comprendre ce qui se cache derrière.
  2. Maintenez un dialogue ouvert
    Essayez d’être non seulement un parent, mais aussi un ami. Créez un climat où l’enfant peut parler librement de ses émotions et de ses questions sans craindre le jugement.
  3. Surveillez l’activité en ligne
    Sachez quels sites, applications et discussions votre enfant fréquente. Beaucoup d’idées radicales circulent via les réseaux sociaux et les messageries. Utilisez les contrôles parentaux et discutez avec votre enfant des risques liés à Internet.
  4. Développez l’esprit critique et la culture numérique
    Expliquez comment repérer les fausses informations, les manipulations et la propagande. Aidez les enfants à analyser les informations au lieu de les croire aveuglément.
  5. Faites appel à une aide professionnelle si nécessaire
    Si vous observez des signes inquiétants, n’hésitez pas à consulter des psychologues, des conseillers scolaires ou des services sociaux. Une intervention précoce peut prévenir des conséquences graves.
  6. Encouragez la participation à des activités sociales et culturelles
    Aidez votre enfant à trouver des loisirs, du sport ou des clubs d’intérêts. L’engagement social réduit le risque d’isolement et rend les adolescents moins vulnérables aux idées radicales.

En résumé, le rôle des parents dans la lutte contre la radicalisation est essentiel. La vigilance, l’ouverture et une intervention rapide peuvent non seulement protéger l’enfant contre les idées dangereuses, mais aussi l’aider à trouver sa voie. Avec le soutien familial, les adolescents ont une chance de grandir dans un environnement sûr et sain où la violence ou l’extrémisme ne sont pas une option.

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